L’Ocytocine face à l’anorexie.

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Deux études, parues hier, dans le prestigieux magazine PLOS ONE nous apprennent que l’ocytocine pourrait être une piste sérieuse face au traitement de l’anorexie, maladie touchant plus de 70 000 personnes chaque année en France, et qui reste l’une des causes première de décès lié à un trouble mental.

Cette maladie, affecte souvent l’individu (le gros des personnes étant âgés de 15 à 25 ans), sur un ensemble de plans; tout comme elle présente de nombreuses complications, d’ordre social, mental et bien entendu, sur la santé de la personne en souffrant.

Hélas, c’est une maladie dont on ne sait que très peu à propos de ses origines; tout comme la prise en charge d’une personne souffrant d’anorexie est une processus très compliqué. Il n’existe pas vraiment ni de remède ni de précurseur connu, sinon qu’elle se développe en rapport avec la perception de soi et est souvent (mais pas systématiquement) liée à un rapport maladif avec la nourriture. 

La personne souffrant d’anorexie souffre surtout de son image, de son rapport à elle-même et au monde. Et c’est souvent l’agrégat de toutes ces complications qui mènent alors la personne à s’isoler, pour parfois considérer le suicide.

Pour le professeur Janet Treasur,  de l’Institut de Psychiatrie du King’s College, ayant supervisé et rédigé les deux études en question, il s’agit de comprendre que l’anorexie est souvent amorcée en amont pas d’autres complications d’ordre social souvent. Ce sont ces problèmes qui conduisent parfois à l’isolation, facteur aggravant et souvent précurseur à l’anorexie. L’administration d’ocytocine  pourrait s’avérer être une piste sérieuse face au traitement de cette maladie.

La première étude, parue dans le Psychoneuroendocrinology (édition de Mars 2014) a été réalisé avec 64 patients, dont 31 souffrant d’anorexie. Les sujets se sont vus administrer de manière aléatoire une dose synthétique d’ocytocine, via un spray nasal, ou bien un placebo.

C’est suite à cette injection d’ocytocine que des images leurs ont été présentés, images pouvant êtres classées en plusieurs catégories :

  • Des images montrant de la nourriture, soit riche en calories ou bien faible en calories.
  • Des images mettant en avant le corps de personnes fines ou rondes.
  • Des images de balance.

 Pour cet exercice, les chercheurs ont simplement mesuré la vitesse d’observation des participants ainsi que la vitesse d’identification des images, et leur catégorisation en « bonnes » et « mauvaises » images, ou images « négatives ». Le test a été répété deux fois, avant et après l’administration d’ocytocine ou du placebo.

Chose intéressante, il a été observé une réduction de l’attention et un ralentissement de la vitesse d’identification de la part des sujets ayant reçu l’ocytocine. Bien que les deux catégories ont été touchées par ce phénomène (le groupe ne souffrant pas d’anorexie et celui souffrant d’anorexie), pour les sujets anorexiques, l’administration d’ocytocine s’est avérée particulièrement efficace, d’autant plus pour les personnes présentant déjà une tendance à l’isolation ou éprouvant des difficultés à communiquer.

La deuxième étude, directement publiée sur PLOS ONE a été réalisé avec les mêmes participant. Cette  fois-ci, il ne s’agissait plus de tester la vitesse d’identification, mais plutôt la réaction des personnes face à des visages exprimant différentes expressions, comme de la joie, de la colère ou encore du dégoût.

Les sujets ayant reçu de l’ocytocine, ont moins accordé d’attention aux visages exprimant le dégoût.

Youl-Ri Kim, de l’université  Inje, à  Seoul South Korea nous explique : 

Nos recherches montrent que l’ocytocine semble diminuer les tendances inconscientes des patients à se focaliser de manière trop prononcée sur la nourriture, l’image du corps, ainsi que des émotions négatives, comme le dégoût.

Il y a clairement aujourd’hui un manque dans le domaine pharmacologique  face à l’anorexie. Nos recherches permettent d’apporter de solides preuves, en plus d’une littérature croissante à propos de l’ocytocine, face au traitement d’un ensemble de maladies mentales, mais également les prémices de nouvelles formes de traitement pour l’anorexie […] Bien que les études aient été réalisées sur un petit nombre de patients, cela reste quelque chose de très excitant.

Nous avons maintenant besoin de plus de participants, de diverses populations, avant de proposer ici une méthode faisant la différence vis-à-vis de la manière dont les patients sont traités.

Mais l’ocytocine, c’est quoi au juste ?

Tu ne pensais tout de même pas que j’allais te laisser filer sans même t’ avoir parlé de cette petite hormone peptidique quand même!

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Cette hormone, produite par l’hypothalamus, se fixe principalement sur les récepteurs de cellules musculaires de l’utérus ainsi que ceux des glandes mammaires. Ces récepteurs activent les phospholipases (des enzymes), dégradant notamment les phospholipides en IP3 (inositol triphosphate). On se retrouve alors avec une augmentation de calcium au sein des cellules. 

C’est ce calcium qui libère  à son tour des ions, eux-même favorisant les interactions entre les protéines d’actine et de myosine, à la base de la contraction musculaire. Pour rappel, j’en avais discuté dans le dossier consacré au rôle des protéines.

L’ocytocine est souvent appelée à tort « l’hormone de l’amour », du moins par abus de langage. Et ce parce que cette hormone est aussi une hormone agissant sur le système musculaire, notamment  les muscles lisses de l’utérus ainsi que les glandes mammaires. C’est une hormone que l’on libère à plusieurs occasions, notamment lors de l’accouchement, ainsi que durant l’allaitement. 

Souvent associée aux cohésions positives, une littérature croissante supporte son rôle dans les rapports sociaux et sexuels. Je trouve intéressant cependant que cette hormone ne possède pas de mécanisme de retour (feedback), c’est à dire qu’elle peut être produite au besoin, si nécessaire. Par exemple, lors de l’accouchement, l’ocytocine est indispensable pour l’éjection du placenta; mais en plus d’accélérer l’accouchement, cette hormone permet également à l’utérus de se rétracter, pour qu’il retrouve sa position initiale.

Dans un environnement stressant pour la femme (ce qui limite grandement la libération d’ocytocine), on préférera alors lui administrer de l’ocytocine synthétique, comme le misoprostol, pour faciliter l’accouchement. Mais je digresse…

L’avis de la rédac’

Et bien, je suis content de voir que la recherche progresse avance dans ce sens, et ce parce que certains de mes amis en souffrent, et que c’est une maladie qui ravage littéralement la vie de la personne.

Sources


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