Calme et patience…

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Entre un spam me proposant d’avoir des dents plus blanches et un email d’un oncle africain éloigné, m’offrant 5 millions d’euros et un terrain, j’ai reçu un email intéressant de la part d’un lecteur : 

Bonjour,

tout d’abord, merci pour le site qui m’a bien aidé cette année !

Je t’en prie

Ce site est le meilleur !

Je suis d’accord avec toi

Voilà, après une première prise de muscle qui m’a permis de gagner quatre kilos en 3 mois, j’ai ensuite fait une transition vers une période de maintenance ; après un mois j’ai décidé de faire une sèche. Les trois premières semaines, nickel. Mais ensuite…plus rien. Mon poids a stagné et je me trouve plat comme un pneu. Est-ce normal; et comment refaire partir la sèche ?

Certaines zones (les hanches) sont maintenant plus visibles et je ne sais pas si cette sèche était une bonne idée. Bref; au secours 🙂

Plutôt que de lui faire une réponse, j’ai préféré faire une réponse ouverte ici ; afin qu’elle profite à tout le monde et qu’elle nous donne à tous une vision plus objective et moins émotionnelle sur le sujet.

La première chose à dire, c’est que tu as bien fait, suite à ta prise de muscle opter pour une période de maintenance (manger pour maintenir le poids) plutôt qu’opter pour une sèche directement. En effet ; l’organisme déjà stressé après un apport constant de nourriture au dessus des besoins (augmentation de l’activité métabolique, augmentation de la production d’hormones et synthèse musculaire) mérite son repos avant de lui imposer une diète hypocalorique.

La période de maintenance est souvent négligée et ce parce que l’on veut souvent du résultat visible (plus de muscle, moins de graisse, plus de force, etc…) mais cela se fait au détriment de l’organisme qui est stimulé de manière brutale en permanence. En plus de réguler la production d’hormone et ré-habituer le corps à une quantité de nourriture , la maintenance permet de se reposer avant de continuer, en fonction des objectifs que l’on s’est fixé.

Tes doutes sont tout à fait légitimes ; il m’arrive aussi souvent de me poser des questions concernant ce que je dois faire. En effet, l’on craint souvent de “faire le mauvais choix”, que l’on finira par appuyer souvent en se basant sur ce que l’on perçoit.  Comment savoir si l’on fait le bon choix ? Et bien la réponse est simple : à partir du moment où un choix est fait ; c’est le bon. Et oui, c’est plutôt ne pas agir qu’il ne faut pas faire; et même si des doutes surviennent ; la consistance au travers d’un choix est toujours la meilleure chose à faire.

Aurais-t-il fallu que ta sèche ou ta période de maintenance continuent ? Probablement pas ; tu as pu gagner quelques kilos, en accord avec une prise de muscle, ni trop, ni pas assez. La sèche après une bonne prise de muscle permettra de révéler le travail accompli et éviter le piège de la prise de muscle : celui de ne pas savoir s’arrêter. 

Par expérience, la prise de muscle fonctionne comme une boule de neige, une fois que l’on a commencé à manger au dessus de ses besoins, on ne peut s’empêcher de vouloir manger plus. C’est perdu dans cette phase que l’on accumule parfois trop de poids, qui n’est en rien justifié ; pour la simple et bonne raison que la synthèse musculaire est régulée par ses gênes et que peu importe la qualité du programme de musculation ou la diète, il sera tout bonnement impossible d’aller plus vite que la musique.

Pour reprendre ton cycle de sèche, j’explique souvent à mes clients ayant déjà intégré des notions solides en nutrition et pratique sportive ; qu’il ne sert à rien de vouloir aller trop vite et donc d’escompter des résultats qui semblent ralentir. Prendre ou perdre du poids ne sont pas des phénomènes linéaires ou continus ; et conserver un même rythme permanent demande une excellente gestion de son programme et de son alimentation ; ainsi qu’une flexibilité métabolique que seul les élites (ceux ayant les gènes jouant en leur faveur) possèdent. Pour toi et moi et une bonne partie de la population ; perdre du poids prends du temps ; des mois ou des années ; et plutôt que de vouloir court-circuiter ces processus ; il faut plutôt prendre le temps de le comprendre et de l’accepter.

Accepter que le corps de ses rêves se construit au fil des années et non au fil des mois ; et que les changements perceptibles sont plus lents que les changements physiologiques. Si tu n’est pas un sportif ayant un impératif de poids (afin d’être pris dans une catégorie) ou d’apparence (si tu es compétiteur) ; alors il n’y a aucune raison de vouloir se dépêcher.

En plus de faire des erreurs (forte dégradation musculaire ; mauvaise humeur ou fatigue dû à une alimentation ou un programme trop drastiques) l’estime personnelle en prends un coup ; nous laissant alors avec l’impression que l’on est en train de mal faire les choses. Mais dans les faits ; ça n’est pas du tout le cas. 

Lorsque le poids baisse ; l’activité métabolique ralentit ; le corps étant plus léger, moins d’énergie est nécessaire pour soutenir l’activité sportive (ou non sportive) ; le corps ralentit. C’est donc l’opposé de la prise de muscle; où en plus de prendre du poids; le développement du muscle nécessite d’autant plus d’énergie. C’est la raison pour laquelle, l’augmentation des apports caloriques se fait par incréments. Il faut manger plus qu’au départ lors d’une prise de muscle…et encore moins au travers d’une sèche.

A ce stade, tu l’auras compris, il s’agit donc d’augmenter sa dépense en énergie ou diminuer sa consommation de nourriture. 

Les deux stratégies se valent ; mais si l’apport est déjà réduit, augmenter son activité physique s’impose comme une nécessité. 

Il faudra donc augmenter son activité (ajouter une séance d’entraînement) ou réduire ses apports (par exemple de 250 calories ; jusqu’à ce que le poids bouge sur la balance.

Les protéines et les lipides étant cruciaux… il ne reste que les glucides qui devront êtres diminués. 

Et c’est également ce faible apport en calories qui explique l’effet “dégonflé”. Parce qu’il y a moins de glycogène dans les muscles; donc moins d’eau (pour rappel, 1 gramme de glycogène est stocké avec 3 grammes d’eau au sein des muscles), le muscle est donc moins gonflé. Aucune crainte à avoir, la consommation de glucides différant de beaucoup par rapport à la prise de muscle, il est tout à fait normal d’avoir ce sentiment. 

Pour pallier à cela, ne pas hésiter ; en fonction de ses résultats, à incorporer un repas de relâche 2 à 3 fois dans le mois. Cela permettra surtout de tenir psychologiquement et de se sentir mieux.

Concernant les zones qui sont plus apparentes (comme les hanches) j’ai deux réponses à apporter.

  • La première, approche encore jeune de la bio-nutrition (développement de l’approche “BioSignature” par Charles Poliquin) explique le rôle de certaines hormones sur la répartition de la masse grasse. Mais il ne sert à rien de s’attarder sur ce sujet pour le moment.
  • La deuxième approche ; il faut considérer la prise et la perte de gras comme un vase : lorsque que l’on prends du poids, le gras ira se loger en premier dans ces zones problématiques, et partira en dernier. Lorsque tu remplis un vase d’eau, et que tu le vides, l’eau du fond sera la dernière à se déverser.

Il en est de même lorsque l’on s’affine : on remarque plus facilement ces zones ; qui seront tout simplement les dernières à s’affiner. Alors qu’il n’est pas possible de véritablement contrôler ce phénomène, cela signifie également que tu as bien avancé dans ta perte de poids, et que tu te heurtes au même challenge que nous connaissons tous. C’est à ce stade que ta patience et ton investissement seront mis à l’épreuve.

Toujours à ce propos ; il faut aussi apprendre à accepter la configuration de son corps est quelque chose que l’on ne peut pas vraiment changer ; mais c’est pas grave du tout, il y a beaucoup de place pour l’améliorer ; en s’affinant, en prenant du muscle ou encore en augmentant sa souplesse. Je pense aussi qu’il est plus intéressant et stimulant de prendre le temps de se découvrir plutôt que de fantasmer sur un corps qui n’est pas le sien.

Si malgré tous ces conseils, le poids ne bouge toujours pas et le moral en prends un coup ; je suggère souvent de prendre une pause qui permettra de sortir la tête de l’eau ; mais aussi relativiser. En effet, prendre son temps permettra aussi d’être mieux concentré et moins émotionnel face à des changements physiologiques qui arriveront à point nommé.

Encore une fois, ça n’est pas une course, plutôt un projet de vie ; qui s’aborde avec calme et patience; facteurs gagnants.


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Discussion2 commentaires

  1. J’ai aussi constaté après ma prise de muscle qu’il ne faut pas forcer les choses, auquel cas on peut être déçu. Il faut, comme tu dis, accepter que notre corps se transforme au fil des années et non des mois. Le fait de prendre soin de son corps est déjà un bel accomplissement. Vouloir être très dessiné (ex: abdos hyper visibles) est un objectif complexe à atteindre et qui peut être long. Pour quelqu’un qui attaque la muscu, je dirai qu’une sèche de plusieurs mois est trop long (sauf si le potentiel génétique fait que la prise de muscle a engendré beaucoup de gains rapidement peut-être). Mieux vaut progresser tranquillement et faire une sèche à fond une fois que notre corps est prêt.

    Quoiqu’il en soit, courage à ce membre de la communauté, les efforts paient!

    • Merci pour la réponse, en effet, en fonction du somatotype, les résultats varient grandement. Le jeu consiste à savoir connaître ses limites ; en terme de ce qu’il est possible d’accomplir au fil des mois, et ce que l’on souhaite. Par exemple, les powerlifters sont rarement très secs, vu qu’ils recherchent surtout la performance brute, ce qui est le contraire des coureurs, qui privilégieront un poids faible. Il faut aussi souvent se projeter, comme tu dis, sur des années plutôt que des semaines. Par exemple, perdre 1 à 1,5 kilos par mois, c’est quand même 6 à 9 kilos en 6 mois, ce qui est énorme !

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