Les dangers de la motivation négative

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À mon sens, lorsque l’on s’intéresse à la manière dont les gens se motivent à faire de l’exercice, mieux s’alimenter, ou bien simplement améliorer certains aspects de leurs vies, comme les relations, il existe deux types de motivation :

  • La motivation positive
  • La motivation négative

Dans cet article, je vais présenter ces deux types de motivation, et pourquoi je considère la motivation négative comme quelque chose à éviter.

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La motivation positive

La motivation positive, ou bien simplement la motivation, c’est celle à laquelle l’on pense tous lorsque l’on emploie le mot “motivation”. La motivation positive est celle que l’on ré-affirme lorsque l’on accomplit quelque chose nous laissant avec une agréable impression, celle d’avoir été productif, ou bien créatif. La motivation positive est quelque chose que l’on utilise chaque jour, parfois sans s’en rendre compte, et ce parce que c’est souvent une seconde nature ; et c’est grâce à cette motivation que les individus actifs trouvent le temps d’exercer par exemple. La motivation peut-être vue comme le déploiement d’énergie par un individu dans l’optique d’accomplir une tâche précise, et en récupérer les bénéfices associés.

La motivation est liée à la volonté (pour plus d’informations sur la volonté, consulter la dernière édition de notre newsletter), pouvant être définie comme la qualité permettant à l’émotion suscitée par la motivation de perdurer, et ce jusqu’à atteindre un objectif :

OBJECTIF –> MOTIVATION  –||- VOLONTE -||  –> RESULTAT

La motivation peut être vue comme un moteur, la volonté comme l’accélérateur, et le résultat comme la destination. La motivation positive possède plusieurs effets bénéfiques, comme ce phénomène que j’appelle la ré-affirmation : plus la motivation permet d’accomplir quelque chose (un résultat tangible), et plus elle sera présente par la suite, à l’image d’un cercle vertueux [1]. Puis, petit à petit, tout ce qui paraissait difficile à accomplir (craintes personnelles et appréhensions par peur de ne pas réussir) devient alors de moins en moins compliqué.

Cette motivation positive se manifeste de plusieurs façons, elle débute par une phrase “Je peux le faire”, et se traduit en une action concrète et tangible. Lorsque cette motivation est “positive”, nous associons des images agréables, et attrayantes : un beau corps, une meilleure santé, plus de force, et puis, c’est ce que nous finissons par atteindre. C’est au travers de cette émotion positive qu’un sens d’accomplissement personnel se manifeste, et qu’une spirale vertueuse se met en place, c’est à dire un boucle de rétroaction amplificatrice, entraînant des effets positifs ou bénéfiques ; et les effets bénéfiques donnent naissent à des émotions positives: joie, excitation, bien-être.

La motivation positive est une pierre angulaire lorsque je travaille avec mes clients ; il s’agit pour moi d’instiller chez l’élève ces émotions et sentiments positifs, afin qu’une association mentale se mette en place. Et c’est grâce à cette association mentale qu’il est alors possible d’augmenter l’adhésion à un programme sportif ou alimentaire. Grâce à cette motivation, l’habitude se crée, et bien que les anciennes ne disparaissent pas, elles sont remplacées par des nouvelles.

La motivation négative

Du côté opposé du spectre, il existe ce que j’appelle la motivation négative, ou motivation diminuante. La motivation négative existe chez les personnes n’ayant pas le support nécessaire permettant de faire exister une motivation positive. C’est à l’image de la carotte et du bâton que la motivation négative est quelque chose à éviter.

A mon sens, cette motivation négative se régule d’elle-même, et est assez difficile à éliminer, et ce parce qu’elle n’est que la pointe de l’iceberg. Souvent, l’individu souffre d’estime personnelle, et cette manière d’articuler ses envies et projets personnels n’est que l’extension d’un état d’esprit en manque de soutien.

Cette motivation négative est quelque chose que l’on voit de plus dans les médias et sur Internet ; particulièrement sur Internet.  Cette thématique est liée à un sujet dont j’avais déjà discuté, à propos du culte de l’image, cependant je veux me focaliser ici sur les conséquences de cet état d’esprit :

no-pain

Lorsque la motivation négative se substitue à la motivation positive, la dynamique s’inverse : lorsque la motivation négative se met en place, ça n’est plus le résultat qui est visé, mais plutôt, une conséquence considérée comme désastreuse qui est fuie. Par exemple, se rabaisser, s’insulter, se considérer comme incapable…. bref, détruire son estime personnelle, et ce afin d’accomplir quelque chose.

Bien que ce déploiement d’énergie ait lieu, à l’image de la motivation positive, et bien qu’il soit en effet possible d’accomplir quelque chose, il existe à mon sens un danger, qui est celui de se “déconnecter” et ne plus croire qu’il soit possible de se sentir bien. En fait, la motivation négative a souvent lieu lorsqu’une personne ne s’accepte pas totalement. Elle refuse d’accepter ce qu’elle voit, d’accepter qu’elle puisse avoir des capacités, d’accepter qu’elle ait le droit d’être heureuse. Dans notre dossier sur les TCA, nous avons longuement discuté de la perception de soi faussée, et des risques que cela comporte ; lorsque la motivation négative existe, il y a souvent un lien entre perception de soi et croyances faussées à propos de ses propres capacités.

Parmi les conséquences néfastes de cette motivation : dépression, surentraînement, vie sociale perturbée. En effet, alors la motivation positive est un cercle vertueux, la motivation négative est un cercle vicieux : une boucle dégradant la qualité de vie et la perception de son monde se met en place, et ce parce que l’effet négatif engendré nourrit et amplifie les causes qui lui donnent naissance, à savoir une motivation négative.

Il m’apparaît évident que cette motivation négative est (une fois de plus) un phénomène de société. C’est que, le culte de l’image est tellement fort, tellement présent, qu’il est difficile de nager à contre-courant. S’accepter demande plus de force et plus de courage, parfois même, c’est une habitude qui est pratiquée, mais sans remise en question. Pour beaucoup de personnes par exemple, c’est l’environnement familial, en particulier l’éducation parentale, qui est le vecteur à cette manière de penser. Lorsque l’individu conçoit le monde au travers de l’éducation parentale, il arrive souvent que ce modèle soit accepté (“Tu n’est qu’un bon à rien”). Une fois que cette manière de voir le monde est acceptée, il arrive souvent que dans tous les domaines de l’individu, c’est un sentiment négatif qui prime. Attention, il ne s’agit pas pour moi de tenir pour responsable les parents de chacun, et l’éducation comme la source de tous les maux, et ce parce que les parents reproduisent souvent un modèle d’éducation sans le questionner ; mais il m’apparaît pertinent de mettre en avant les causes possibles de cette motivation négative, et mettre en lumière ce que je considère comme la partie cachée de l’iceberg.

Certains sportifs m’ont expliqué que cette énergie leur permettait d’accomplir de grandes choses, et de devenir meilleur, mais fait intéressant, j’ai souvent observé un lien entre stress, difficulté à dormir, et présence de cette motivation négative chez le sportif. En d’autre termes, alors que le sportif accomplit ses objectifs personnels, cela ne se fait pas sans dégrader la qualité de vie. Et il convient alors de se poser la question si il y a là de “bonnes” raisons ; n’exerçons-nous pas également pour canaliser son énergie, mieux dormir, et se détendre parfois ?

Motivation négative : une fatalité ?

La motivation négative est-elle une fatalité ? Est-il possible de changer sa manière de penser, afin d’être poussé par une motivation positive ?

Et bien, oui. C’est possible. Pour que la motivation devienne positive, il faut accepter de se remettre en question, et se demander pourquoi nous avons ces objectifs. Comme expliqué, souvent, la motivation négative dissimule un manque d’acceptation ; il faudra donc commencer par s’accepter, et accepter que tout changement prendra du temps.

Une fois ce travail d’acceptation accompli (bien que ça soit quelque chose en mouvement), il faudra ensuite se focaliser sur les aspects positifs de sa vie. Par exemple, reconnaître sa progression sur certains mouvements, l’amélioration du souffle, ou encore, des meilleurs choix alimentaires.

Cet exercice va permettre de faire le “ménage” mental, et substituer toutes les constituantes de cette motivation négatives, en observations positives, aussi petites soient-elles. Et c’est en se forçant, au début du moins, à ne voir que le bon côté des choses, que la motivation en tant que véhicule, pourra être vécue de manière saine, et bénéfique.

La visualisation est également un bon moyen de forcer la mise en place d’une pensée positive. En effet, pour les personnes s’estimant incapables de réussir quoi que ce soit, il paraît souvent tout autant inconcevable d’atteindre un quelconque objectif. En visualisant l’accomplissement de ces objectifs, le cerveau finira par l’accepter comme une réalité, et c’est aussi souvent ce qu’il se passera. Lorsque l’on imagine quelque chose, et lorsque l’on perçoit quelque chose d’autre, il y a dans le cerveau des zones similaires qui s’activent [2], en d’autres termes, le cerveau ne fait pas de distinction précise entre ce qui est imaginé et ce qui est vrai. C’est quelque chose de très puissant, puisque cela nous donne alors la possibilité de façonner en partie son monde, grâce à la visualisation. Je pratique moi-même la visualisation, cela m’aide à concevoir l’avancement, ou la finalité, des projets sur lesquels je travaille ; et souvent, le réel finit par coïncider avec l’imaginaire. En utilisant cette projection de la personne à laquelle on aspire, ça n’est plus qu’une question de temps (et de travail), avant que cette vision ne finisse par se réaliser.

Enfin, et c’est quelque chose que nous transmettons à nos élèves, la motivation à exercer ou mieux s’alimenter ne doivent pas êtres séparés de sa vie ; il faut considérer cela comme le projet de (re)prendre sa vie en main, et travailler à intégrer toutes les composantes nécessaires pour qu’il y ait un changement positif.

Conclusion

Il existe deux types de motivation : la motivation positive, et la motivation négative. Les deux motivations correspondent à une déploiement d’énergie, afin d’accomplir ses objectifs ; alors que la motivation positive engendre un cercle vertueux (un changement positif dans sa vie est souvent le premier avant plusieurs à venir), la motivation négative engendre un cercle vicieux (lorsque la motivation négative se met en place, ça n’est plus le résultat qui est visé, mais plutôt, une conséquence considérée comme désastreuse qui est fuie).

La motivation négative n’est cependant pas une fatalité, et avec les bons outils (s’accepter, substituer ses mauvais schémas de pensées par des schémas positifs, et pratiquer la visualisation), la motivation positive remplacera la motivation négative.

Références


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Discussion2 commentaires

  1. Bon article !
    Ça rejoint un peu la motivation intrinsèque et extrinsèque non ? La première est présente chez les individus qui pratiquent une activité physique pour le plaisir, progresser, devenir meilleur, et la seconde pour avoir un retour social, financier.. mais qui en fin de compte, lorsque la reconnaissance disparait, ils perdent la motiv’ ?!

    • Hello Rom’
      Je les interpréterais différemment. Je considérerais la motivation intrinsèque et extrinsèque comme un axe « horizontal », et la motivation positive comme un axe vertical. Il est possible de faire du sport pour avoir un retour financier (donc extrinsèque), mais se sentir bien à propos de cela ; tout comme, il est possible d’être intrinsèquement (faire du sport pour progresser) motivé, mais négatif.
      Peut-être que la motivation intrinsèque pourrait également être qualifié « d’indépendante » (tu fais ça pour toi), la motivation extrinsèque comme « dépendante » (tu fais ça pour quelqu’un ou quelque chose).

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